Le poids de l’héritage (2022)

Pour maintenir une authentique souveraineté visuelle, nous, les artistes autochtones, devons préserver nos relations avec nos terres ancestrales, qui déterminent notre autonomie corporelle en tant que personnes bispirituelles. Le déplacement des corps bispirituels demeure un point de discorde dans nos propres communautés, où l’homophobie et l’hétéropatriarcat prolifèrent en raison des systèmes coloniaux qui ont eu un impact sur nos modes de vie. Il en résulte la nécessité de créer des constellations de relations – afin de nourrir nos propres communautés. Ce concept s’étend au-delà des frontières ; ces moments où nous nous rassemblons et créons ensemble des connaissances visuelles sont essentiels pour affirmer notre souveraineté érotique et corporelle. Dans le domaine de la photographie, nos communautés sont souvent représentées comme des sujets ou des projets photographiques, plutôt que comme des collaborateurs. En revendiquant notre autoreprésentation, nous renforçons notre capacité à raconter nos propres histoires – ce qui était autrefois des histoires de notre mort se transforme maintenant. Nous faisons le portrait de notre système d’intelligence autochtone, florissant et prospère, dans l’espoir de continuer, comme les Métis l’ont toujours fait.

Weight of inheritance est une nouvelle œuvre photographique de l’artiste Dayna Danger qui explore le processus de remémoration du savoir ancestral et intergénérationnel, basé sur leurs expériences de vie dans une société qui a tout fait pour éteindre l’espoir et la culture du peuple métis. La arrière-grand-mère de l’artiste était tanneuse de peaux, tout comme sa mère. Leur pratique fait partie de l’héritage de Danger.  Quelle est la responsabilité de faire fructifier cet héritage ? Que signifie activer le savoir qui a été enterré pour être protégé, jusqu’à ce qu’il puisse sortir en toute sécurité ?

Bio :

Dayna Danger (iel) est un.e artiste queer autochtone, bispirituel, métisse-saulteaux-polonaise, tanneuse de peaux, batteuse et perlière. La pratique artistique de Danger est un acte visant à récupérer l’espace et le pouvoir sur le regard que porte la société sur les sexualités et ses représentations. L’art de Danger dévoile leurs images qui accordent intentionnellement, à grande échelle, de l’importance aux personnes identifiées comme des femmes, bispirituelles, transgenres et non-binaires. « Leur » art utilise des références symboliques pour perturber les communautés afin d’interroger de manière critique la visibilité et le rejet. Les êtres bispirituels de Danger et sa pratique consentent à construire des œuvres d’art qui créent une suspension de la réalité dans laquelle s’échangent des dynamiques complexes de sexualité, de genre et de pouvoir.

Crédit photo : Karen Asher