TX-1 (2020) - US/NL
La Terre enchanteresse est trop souvent rendue inhospitalière pour les personnes marquées comme transgenres. Pour survivre nous nous xénomogrifions par des technologies sociales et biologiques, altérant nos surfaces, nos viscères, nos équilibres moléculaires. Aucun.e d’entre nous n’est allé.e dans l’espace même si nous possédons des connaissances somatiques sur les transformations corporelles profondes, expériences nécessaires pour les environnements extraterrestres.
TX-1 a lancé des morceaux de mes médicaments de substitution hormonale vers la Station spatiale internationale (ISS), marquant la première fois connue que des éléments de l’expérience transgenre ont tourné autour de la Terre. TX-1 comprend un fragment de ma pilule de spironolactone, une tranche de mon patch d’estradiol et une sculpture miniature en papier faite à la main, incluse comme un geste vers les xénoentités absentes mais présentes du cosmos. Exode symbolique vers une orbite très haute, le retour de TX-1 sur Terre était aussi un signe de résilience, de ne pas être éliminé, de revenir pour prospérer à nouveau.
TX-1 s’est envolé vers l’ISS dans le cadre de Sojourner 2020 de l’initiative Space Exploration de MIT, qui a offert l’opportunité de lancement à neuf groupes d’artistes sélectionnés dans le cadre d’un appel ouvert international. Vous n’allez vraiment jamais seul.e dans l’espace.
Tandis que l’espace est, à bien des égards, l’un des lieux de vie les plus inhospitaliers, il a en même temps une aura — naïve, peut-être — de lieu de transformation où les contraintes habituelles de la vie terrestre peuvent être refaçonnées, où ce.ux.lles qui sont tranxxeno peuvent exister sans préjugés terrestres. Certains des premiers activismes trans* ont même exprimé des désirs de connexion avec des êtres extraterrestres, suggérant une parenté fondée sur le fait d’être considéré comme extraterrestre. De tels alliés cosmologiques manifestent ainsi le désir d’acceptation de l’Autre. Ces histoires que nous racontons sur l’espace sont bien sûr simultanément des histoires que nous racontons sur la terre, et donc TX-1, dans la lignée de cet activisme antérieur, manifeste un rêve d’acceptation du tranxxeno alors que nous traversons ces temps de transition.
Bio :
Adriana Knouf, PhD (NL/US) travaille comme artiste, écrivaine et xénologue. Elle aborde des sujets tels que le “wet media”, l’art spatial, les satellites, la transmission radio, les rencontres non-humaines, le vol de drones, les futurités queer et trans, le “machine learning”, la voix, et la papeterie. Elle est la facilitatrice fondatrice du tranxxenolab, un laboratoire de recherche artistique nomade qui promeut les enchevêtrements entre les entités trans et xéno. Adriana présente régulièrement ses recherches artistiques à travers le monde et au-delà, notamment avec une œuvre qui a volé à bord de la Station spatiale internationale. Son travail a été reconnu par de nombreux prix, dont le prix de distinction au Prix Ars Electronica (2021), une mention honorifique du Science Fiction Research Association’s Innovative Research Award et comme gagnante de prix dans The Lake’s Works for Radio #4 (2020).