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Tsinakemuta (2016; 2022)

Tsinakemuta commence comme processus de travail qui prend pour point de départ la découverte d’un minéral appelé pyrrhotite à l’intérieur d’une mine qui, depuis 150 ans, produit du cuivre, de l’or et de l’argent. La pyrrhotite est un sulfure ferreux qui se distingue par ses propriétés magnétiques. Dans des conditions naturelles, ses particules s’alignent sur le champ magnétique terrestre lorsqu’elles subissent des changements de température ou des événements brusques. Elle est sensible à l’induction magnétique dans certains processus. L’enregistrement du champ magnétique terrestre dans certains minéraux peut être interprété comme une mémoire, l’une des nombreuses formes que la vie a pour conserver les traces de l’expérience, qui ne sont pas sédiments inertes, mais pure connaissance active.

En 2017, à 600 mètres de profondeur dans la mine, un fragment de pyrrhotite a été emprunté. La mine est située sur le plateau de Potosino, dans le Cerro del Frayle. Ce site est l’un des centres cérémoniels de la communauté Wixárika, connue dans sa langue maternelle sous le nom de Tsinamekuta, la maison de la pluie. Les Wixaritari ont fait des pèlerinages à travers ces terres pendant plus de 10 000 ans, faisant partie d’un réseau bioculturel, dont la préservation est basée sur le caractère sacré de la Terre et de tous ses habitants. Cette recherche a abouti à la construction d’instruments pour explorer les possibilités de lecture, d’interprétation et de réécriture de la mémoire originelle de la roche. Au printemps 2021, Mara’akame Jairra, membre de la communauté Wixárika qui fait chaque année un pèlerinage avec sa famille dans la zone sacrée où s’élève Tsinamekuta, a accepté de participer à un acte cérémoniel offert à la roche à la base de la Montagne. La famille a été témoin de l’activation rituelle d’un instrument qui a été construit pour sonifier la mémoire magnétique de la roche. Dans le cadre de cette cérémonie, le signal électrique de deux cœurs humains (Armas et Jairra) a été enregistré dans la roche par induction magnétique comme une représentation d’une offrande ou d’un paiement, qui doit être laissé sur le site où se déroule la cérémonie selon les traditions du peuple Wixárika.

Le projet s’est conclu par le retour de la minérale à l’intérieur de la mine. Ainsi, cette roche messagère portera leur offrande à son retour au cœur au-dessous de la montagne. Ce projet soulève une réflexion éthique sur le monde minéral comme fondement de la vie, et est un espace de réflexion sur le sens de l’intention dans le contact humain avec la nature.

 

Bio :

Née à Durango, au Mexique, Marcela Armas est titulaire d’un baccalauréat (beaux arts) de l’Université de Guanajuato et étudie actuellement à l’Université polytechnique de Valence, en Espagne. Armas mène des études sur les propriétés magnétiques des minéraux et leurs possibilités de stockage d’informations à travers le son comme moyen d’interprétation et d’induction. Son travail articule plusieurs disciplines, techniques, processus de travail et recherches pour interroger les relations de la société avec la matière, l’énergie, l’espace-temps et la construction de la mémoire. Armas a été récompensé par l’ARCO/BEEP Electronic Art à la Foire Arco Madrid 2012, et a reçu le prix de production ibéro-américaine VIDA 16.0 de la Fundación Telefónica de España. Actuellement, elle est membre du National Art System au Mexique. Son travail a été exposé au Mexique, en Amérique du Nord et du Sud, en Europe, en Inde et à Moscou.

 

Photos avec l’aimable autorisation de Marcela Armas.