Mémories ennoyées (Drowned Memories) (2021) - CA
L’astromblème de Manicouagan constitue un des plus grands cratères météoriques de la planète. Visible depuis l’espace, « L’oeil du Québec » forme une empreinte distinctive sur les cartes du territoire.
Avant la formation du réservoir Manicouagan, deux lacs occupaient l’ancienne dépression du cratère: le lac Mouchelagane, à l’ouest, et le Lac Manicouagan, à l’est. Le barrage Daniel-Johnson, érigé en 1969, est venu marquer profondément le territoire et le mode de vie des Pessamiulnuat. Il aura fallu 13 années pour compléter le remplissage du bassin et ennoyer à jamais les mémoires d’un territoire et de son peuple.
Vestige de la dernière glaciation, l’ancien lac Manicouagan s’apparentaient à un Fjord, avec de profonds bassins et une rive faite de pentes élevées et abruptes. Avec la montée des eaux, les rives d’autrefois se retrouvèrent submergées à une profondeur moyenne de 125 mètres sous le niveau du réservoir actuel.
Les anciennes lignes du rivage sont encore bien visibles à l’échosondeur. Les arbres sont admirablement préservés et les images retournées par la sonde nous révèlent des forêts fantomatiques, se tenant encore debout, avec la tête des grandes épinettes noires bercées par les courants, comme elles le feraient sous le vent.
Les images de Mémoires ennoyées sont le témoignage d’un monde passé, englouti, mais qui refuse de disparaître. Ce sont les mémoires et les illusions endormies des anciens, qui attendent patiemment de renaître, quand sera fini le temps des hommes.
Ludovic Boney – 2021
Bio :
Ludovic Boney est originaire de Wendake (Québec). Au sortir de l’école de sculpture en 2002, il fonde le Bloc 5 – atelier de production artistique – en compagnie de quatre artistes. Il y travaille et réalise ses premiers projets d’art public en son nom, mais également en collaboration avec de multiples artistes.
Depuis 2006, il oeuvre sur des projets d’art public de grande envergure et présente son travail régulièrement en galeries ou dans les centres d’artistes. Il a récemment présenté ses oeuvres au Musée MC Cord de Montréal et à TRUCK Contemporary Art de Calgary.
Parmi ses dernières réalisations marquantes en art public, on note Réaction en chaîne installée à l’École de Technologie Supérieur de Montréal (2019), Les Arches d’entente au Musée de la Civilisation de Québec (2019), et son imposante Cosmologie sans genèse au Musée National des Beaux-Arts du Québec (2016).
En 2022, il installera sa plus grande oeuvre intérieure, Théâtralité contextuelle qui se déploiera en suspension sur plus de 4 étages au nouveau HEC de Montréal.
Ses oeuvres font partie de plusieurs collections privées.